FRIEDRICH VON HAYEK OU LE RÊVE D’UNE EURODICTATURE NON CONTAMINÉE PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL
Depuis dimanche soir, les médias de propagande en Europe et dans le monde égrènent les résultats des élections européennes et les scores des partis qui y ont pris part du 23 au 26 mai, le nombre de leurs députés au Parlement de Strasbourg, les groupes politiques dans lesquels vont s’intégrer, Les résultats des élections européennes donnant les partis néo fascistes comme les grands gagnants ne font aucun doute et on les connaissait depuis des mois grâce à une intense campagne de lavage de cerveau et de promotion dans les médias de propagande du système dont ils font partie intégrante et qui se sert de leur vote comme vote défouloir et comme simple voie de garage mais surtout et avant tout pour barrer la route aux partis de gauche hostiles aux politiques d’austérité imposées aux peuples depuis des décennies. Maintenant selon la formule consacrée, que le « peuple a parlé », tout le monde se demande que vont faire les nouveaux élus au parlement de Strasbourg et quels sont les pouvoirs dont ils disposent pour traduire les soi-disant « choix » de leurs électeurs. La réponse est sans appel : au sein des institutions européennes, le parlement de Strasbourg ne jouit d’aucun pouvoir décisionnaire, il n’est autre chose qu’une chambre d’enregistrement pour des orientations et des décisions prises par une instance non élue, la Commission de Bruxelles, ce qui parait paradoxal par rapport aux canons de la démocratie où une assemblée élue par le peuple aura logiquement le seul pouvoir décisionnaire et le dernier mot dans les grandes affaires engageant l’avenir des 512 millions d’européens.
Cette subordination et infériorisation d’un Parlement élu par le « peuple » au profit d’une Commission Européenne non élue, pour paradoxal qu’il puisse paraître, obéissent à une philosophie inspirée par deux économistes autrichiens Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek, dont les idées ont constitué une source d’inspiration aussi bien pour les régimes fascistes de l’entre-deux-guerres que pour Milton Friedman, l’école de Chicago, Pinochet, Thatcher, Reagan, les « Nouveaux économistes », généralement pour tous les adeptes d’une société dominée par la logique de l’économie de marché et ses soi-disant lois naturelles.
Résumons à grands traits la conception « non démocratique » de Hayek pour mieux comprendre le mode de fonctionnement institutionnel de l’Union Européenne qu’il convient de qualifier plutôt d’Eurodictature. Pour von Hayek, la crise de ce qui appelle la « doctrine libérale » commence avec le suffrage universel et la « démocratie sociale » ou totalitaire de la révolution de 1848 en France. On comprendra beaucoup mieux le fonctionnement anti démocratique quand on garde en mémoire cette idée de Hayek qui considère le suffrage universel non pas comme un droit naturel mais comme une « fonction politique » dont jouit seulement quelques privilégiés au sein de l’État et elle ne doit pas être ouverte à tout le monde, c’est-à-dire à tous les citoyens quelque soit leur statut social. Von Hayek est partisan de la discrimination censitaire. Non seulement Hayek reprend les arguments élaborés par la tradition libérale partisane de la discrimination censitaire des droits politiques mais il se joint de manière directe à tous ces auteurs anglais(Leaky, Lord Acton) qui à la fin du XIX siècle regardaient avec horreur l’extension du suffrage universel en cours considéré comme « abominable » et « rétrograde »
À partir de cette conception carrément anti démocratique, on comprendra beaucoup mieux pourquoi une institution non élue, en l’occurrence la Commission Européenne commande à une assemblée parlementaire élue au suffrage universel et jouit de pouvoirs exorbitants en imposant l’ordre du jour aux parlementaires. On cite souvent Monnet, Schumann et Walter Hallstein comme les pères fondateurs de l’Europe mais on oublie souvent von Hayek, Ludwig von Mises, Pareto et Schumpeter pour ne citer que ces quatre noms qui ont été à l’origine non seulement des idéologies du fascisme et du nazisme dans l’entre-deux-guerres mais celle qui sous tend le fonctionnement actuel de l’Union Européenne.