ACTE 30
POURQUOI LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES FAIT-IL ŒUVRE D’HYGIÈNE POLITIQUE,MENTALE ET INTELLECTUELLE ?
Dans une semaine, le mouvement des gilets jaunes aura sept mois et contrairement aux sirènes des médias de propagande qu’il convient d’appeler désormais lépéno-macronites, les deux têtes du parti unique qui occupe l’espace médiatique 7J/7 et 24H/24, rien ne présage sa fin prochaine malgré un certain flottement du nombre des manifestants d’un samedi à un autre. Bien au contraire, à écouter ou à suivre les quelques déclarations des gilets jaunes ou leurs réseaux sociaux, la détermination est intacte et la volonté est plus que jamais affirmée pour continuer le combat en dépit de tous les sacrifices, financiers et surtout la bravade d’une dictature et d’un terrorisme d’État de plus en plus durs.
Pour apporter quelques éléments de réponse à la question posée dans le titre, il faut revenir un peu en arrière et dresser un inventaire de ce qu’est l’état d’esprit qui régnait en France avant l’irruption du mouvement des gilets jaunes dans le paysage politique et médiatique. D’abord, depuis le déferlement nihiliste de la révolution conservatrice, préparée par des idéologues « libéraux » du fascisme et du nazisme de l’entre-deux-guerres, dont les plus connus étaient Pareto, Schumpeter, von Mises, von Hayek et leur sinistre disciple Milton Friedman, ce fut le règne d’un discours stéréotypé répété à satiété et d’une politique que l’on peut résumer en quatre lettre, TINA, « There is no alternative », avec pour objectif, à force de répétition, d’anesthésier les français avec ce chantage permanent à la mondialisation en leur demandant de se laisser dépouiller gentiment de tous leurs acquis sociaux obtenus de haute lutte depuis la fin du XIX siècle, en passant par les grèves de 1936 et surtout les grandes avancées sociales et démocratiques du conseil National de la Résistance. Malheureusement, le constat est affligeant, le monde du travail s’est réellement vu dépouiller subrepticement et inexorablement de tous ces acquis sociaux faute de combativité syndicale qui était censée défendre bec et ongle les intérêts des salariés face à l’offensive du capital, du patronat, d’abord CNPF et son successeur le Medef, et des gouvernements de droite comme de gauche à commencer par les premières d’austérité mise en place par le gouvernement de Raymond Barre(les deux plans Barre) en 1976, continuées et amplifiées par les socialistes sous la Mitterandie jusqu’à aujourd’hui avec la macronie décidée à installer durablement le thatchérisme avec 30 ans de reyard.
Avant l’irruption du mouvement des gilets jaunes, tout le monde ou presque croyait vivre dans une démocratie, une vraie démocratie avec un multipartisme et des élections où les électeurs mettaient dans les urnes, un morceau de papier tous les 4 ou 5 ans, pour élire leurs représentants qui n’arrêtaient pas de claironner à tous ceux qui veulent l’entendre qu’ils sont les « représentants du peuple ». Une fois le chiffon de papier mis dans les urnes, les électeurs n’avaient qu’à la f… et reprendre le cours normal de leur vie moutonnière : travailler, produire, consommer, regarder les matches de foot, se divertir et surtout d’avoir leur drogue quotidienne, la télé. En clair, la politique ou plutôt le politique, ce n’est pas fait pour le peuple qui doit se contenter depuis l’époque de Néron du PAIN et des JEUX, en laissant la chose publique à des « professionnels de la politique », des politicards formés dans les Grandes Écoles dont le langage ésotérique e(t le discours pompeux sont le gage de leur « supériorité » sur le « bas peuple »
Avant l’irruption du mouvement des gilets jaunes, tout le monde ou presque croyait que, comme corollaire, la liberté d’opinion et d’expression existait partout, garantie par une constitution et affirmée partout à travers les médias qui reflètent la diversité des opinions dans la société, représentés par la multiplicité des journaux, des radios et de télé, et par les différents relais comme l’édition. La preuve de l’existence d’un pluralisme d’opinion est le temps de parole donné aux candidats avant chaque électorale où l’on voit côté à côté des candidats de bords politiques différents échanger leurs points de vue sans s’entretuer ou se cogner comme cela arrive souvent dans le Douma russe ou dans le parlement ukrainien avec des députés qui, la parole ne suffisant pas, recourent aux coups de poing et parfois avec des projectiles, des bouteilles et des sièges arrachés.
Avant l’irruption du mouvement des gilets jaunes dans le paysage politique français, tout le monde ou presque croyait que les différentes politiques de régression et de casse sociale menées depuis 40 ans étaient dictées par l’ « ordre naturel » des choses et personne ne peut y échapper démantèlement du droit du travail, la privatisation des grandes entreprises nationales comme les autoroutes, SNCF, France Télécom, EDF GDF, Aéroports, barrages, porter l’âge de la retraite pratiquement à 70 ans, réformer l’assurance chômage obligeant les chômeurs en fin de droits à devenir les nouveaux esclaves corvéables à souhait etc ; que la France était une vraie démocratie avec ses élections organisées à intervalles olympiques et des « représentants du peuple » censés traduire les « aspirations du peuple » par des lois et des législations votées par des assemblées « démocratiquement » élues ; que la liberté d’expression et d’opinion est réelle et effective car elle est garantie par la constitution ; que le multipartisme reflète bien la diversité des opinions existant de la société française etc
L’irruption du mouvement des gilets jaunes dans le paysage français fut un choc salutaire pour une société anesthésiée et pour une pensée dans un état semi comateux. Le mouvement des gilets jaunes a fait voler en éclat tous ces vernis et clichés idéologiques véhiculés par les adeptes et les zélotes de la Révolution conservatrice en remettant au goût du jour ce concept fondamental nécessaire à toute analyse des sociétés capitalistes qu’est la lutte des classes entre une minorité qui s’accapare des richesses produites par le monde du travail, grâce auxquelles elle bâtit un État doté à la fois d’appareils répressifs(armée et police) pour réprimer le peuple en cas de révolte et d’insurrection et d’appareils idéologiques, partis politiques, syndicats, société civile, appareil scolaire, organes de propagande etc destinés à laver les cerveaux du peuple pour le maintenir dans l’ignorance pour mieux le dominer et à moindre frais.
Au cours de ces 7 mois écoulés, le mouvement des gilets a révélé comment la soi-disant démocratie en France est au fond une dictature, la dictature de la représentation, d’une minorité de politicards qui se sont érigés en soi-disant « représentants du peuple » mais qui ne sont là que pour servir les intérêts d’une minorité et d’un ordre établi, celui d’une minorité de nantis, de riches et de privilégiés, profiteurs d’un système dans lequel ils trouvent à la fois leur compte et surtout leur compte bancaire.
Au cours de ces 7 derniers mois, le mouvement des gilets jaunes s’est révélé un laboratoire d’observation des armes de combat dont se servent une classe dominante et ses collabos, des intellectuels que Paul Nizan appelle les « Chiens de garde » grassement nourris par le système avec pour mission d’intoxiquer et de manipuler pour brouiller les frontières des affrontements entre deux classes fondamentalement antagonistes du fait de l’opposition d’intérêts entre le peuple et ses exploiteurs.
Au cours de ces 7 derniers mois, grâce au mouvement des gilets jaunes, nous avons pu observer le viol des masses par la propagande politique par des mass médias, contrôlées en France par 10 milliardaires et grassement subventionnés par l’État. Ces médias de propagande qui ont créé de toutes pièces un pantin occupant le palais de l’Élysée ont déclenché contre des gilets jaunes une guerre psychologique visant à discréditer le mouvement aux yeux de l’opinion publique associé à l’image de casseurs. Ces mêmes médias de propagande ont transformé l’image d’un tyranneau et d’un apprenti dictateur qui, avant le mouvement des gilets jaunes, n’avait que du mépris pour le peuple, est devient subitement un « grand démocrate » après avoir « découvert » « son peuple » (déclaration de Jupiter à une chaine américaine en parlant des Français comme étant « mon peuple », my people) dans les réunions publiques, rassemblant des maires opportunistes et un public trié sur le volet, des One man Shows diffusées à grand renfort médiatique, retransmis en direct pendant des longues heures, lors de la mascarade du « Grand débat national », provoquant une pollution psychologique coïncidant avec un fort pic de pollution atmosphérique.
Aujourd’hui, le mouvement des gilets jaunes, 7 mois après ses débuts, est entré dans les livres d’histoire non pas comme un simple mouvement social avec la grève d’un jour et des défilés carnavalesques de Bastille à République mais comme un mouvement populaire qui s’inscrit dans la durée entrainant de profonds bouleversements du paysage français, européen et même mondial en devenant une référence pour des mouvements de contestation sociale et à ce titre ce mouvement s’est révélé comme une œuvre d’hygiène politique, mentale et intellectuelle.