COMMENT FABRIQUE-T-ON UN SONDAGE D’OPINION ?

COMMENT FABRIQUE-T-ON UN SONDAGE D’OPINION ?

A quelques jours de l’élection européenne en  France(des élections européennes dans les autres pays membres de l’Union Européenne), les Français sont abreuvés, matin, midi et soir, par des sondages d’opinion à répétition plaçant en tête les deux têtes du désormais parti unique lépénie-Macronie, suivis par d’autres partis signalés pour la forme avec quelques commentaires en marge notamment en ce qui concerne Jean Luc Mélenchon et son mouvement, la « France Insoumise » pris pour cible par les médias de propagande qui mènent comme lors de l’élection présidentielle de 2017, contre cette formation politique, depuis des mois, une intense guerre psychologique et une sub propagande visant à détourner les électeurs indécis poussés inéluctablement vers le « vote utile », c’est-à-dire vers les deux listes favorites macrono-lépénistes. On peut débusquer deux principaux instruments de la sub propagande menée contre le mouvement mélénchoniste qui sont d’abord les chiffres et la position de la France Insoumise dans les enquêtes d’opinion plaçant la liste conduite par Aubry en 4ème position derrière celles du RN, LREM et LR et ensuite des pseudo-analyses qui sont de la propagande déguisée « expliquant » le pourquoi de cette « dégringolade » de 20% de l’élection présidentielle de 2017 à 8 ou 9% aux européennes comme par exemple la personnalité de Mélenchon qui « gueule » comme George Marchais ou la posture « ambiguë » de ce mouvement vis-à-vis de l’Europe.

Les sondages d’opinion qui sont produits aujourd’hui en quantités industrielles ont une histoire assez particulière et leur aspect trompeur réside actuellement réside dans les chiffres qu’ils produisent comme s’ils étaient de la science infuse et contre lesquels tout le monde doit prosterner parce qu’ils « reflètent » selon la formule consacrée «l’instant t de l’opinion publique » Contrairement aux idées reçues, les sondages d’opinion sont nés non pas pour mesurer l’instant t de l’opinion avant chaque échéance électorale mais avec la naissance de la grande industrie aux États-Unis durant les deux décennies du XX siècle et surtout durant la période de la grande Dépression pour écouler leurs marchandises grâce à la publicité commerciale dont le pionnier fut le neveu de Sigmund Freud, Edwards Berneys, l’auteur du célèbre classique « Propaganda », avec ce sous-titre qui parle de lui-même « Comment manipuler l’opinion en démocratie », livre publié en 1928. Au début de sa carrière, Berneys travailla pour l’industrie agroalimentaire qui fut le premier secteur d’activité à faire de la publicité pour éculer ses produits et pour ce faire, des sondages d’opinion étaient régulièrement été réalisés pour à la fois cerner les attentes du futur consommateur et adapter les produits industriels en fonction de ses préférences. Toujours aux États Unis, George Gallup n’a fait que transposer la méthode des sondages d’opinion du secteur du commerce et de l’industrie dans le domaine politique en fondant en 1935 l’American Institute of Public Opinion. Aujourd’hui, les instituts des sondages d’opinion sont contrôlés par des groupes privés qui profitent de chaque échéance électorale à la fois pour propagander eux-mêmes, produire la matière pour les médias dominants de propagande et pour les Etats mais surtout faire d’énormes profits.

Pour soi-disant mesurer l’état de l’opinion à un instant t, les instituts des sondages mettent en œuvre un instrument d’investigation combinant des questionnaires et des entretiens utilisés dans les enquêtes d’attitude. Les instituts des sondages travaillent main dans la main avec les médias de propagande, les partis politiques et les appareils d’Etat de propagande qui diligentent régulièrement des enquêtes pour connaître l’état de l’opinion et pour élaborer les thèmes de propagande destinés à manipuler le psychisme des masses. L’exemple type qui illustre le caractère manipulateur des sondages d’opinion est la technique du questionnaire : il faut des questions courtes, les thèmes ne sont jamais choisis au hasard ; ils sont suggérés par des faits réels, notamment les faits divers qui sont de nature à remuer les bas fonds des masses et c’est en exploitant à fond l’émotion collective que les propagandistes parviennent à leur fin. Le thème qui a fait le chou gras des propagandistes et des médias de propagande était et reste celui de l’insécurité qui a été le puissant vecteur dans l’ascension de Le Pen et du Front national dans les années 1980-1990 avec pour résultat Jean Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002 et l’élection de Chirac avec un score digne des républiques bananière, 82% du suffrage exprimé(sur la manipulation des thèmes de l’immigration et de l’insécurité, voir les travaux du sociologue Laurent Mucchielli, le scandale des tournantes, la découverte 2005)

Pour montrer que leur « science » est une « science exacte », les sondeurs recourent à leur fameux « échantillon représentatif ». en réalité, dans les techniques des sondages, ce qui est déterminant, ce n’est pas l’ « échantillon représentatif » en faisant croire que 1000 ou 2000 sondés représentent l’état de l’opinion à un instant t. Puisque le diable est dans les détails, c’est le questionnaire qui est l’instrument par excellence des sondés par les sondeurs par le biais de ce que l’on appelle le questionnaire fermé » où les sondés sont « coincés » et ils n’ont aucun choix dans les réponses. Il n’est pas besoin d’être un grand savant pour deviner que la réponse est dans la question et qui choisit les questions, ce sont les instituts des sondages et c’est en choisissant les thèmes des questions que ces derniers cherchent non pas à connaître l’état de l’opinion à un instant t mais à la manipuler en vue d’une action future, par exemple voter pour tel candidat et tel parti à l’exclusion de tel autre candidat et tel autre parti.